EPILOGUE

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Quand la deuxième génération est arrivée à l’ AJB, tout était fait. Le local de répétition existait déjà et les concerts rock organisés par l’association étaient devenus une tradition. Bien sûr, il y a eu quelques conflits de générations, les fondateurs s’étaient battus pour l’avoir ce local, et les nouveaux venus ne faisaient qu’en profiter. Les conflits ont été vite dépassés, les « nouveaux » ont pris la relève dans le bureau de l’asso et ont continué de la faire vivre, et parfois survivre même, quand notre avenir était incertain à cause de travaux.

Le punk rock était notre culture commune et cristallisait tous nos désirs de liberté et de créer (malgré le coté démodé peut-être) une alternative à la culture de masse. Si en 1989, quand l’ AJB fut créée, il n’y avait rien de choquant à entendre des morceaux punk rock, ou plus largement rock alternatif sur les ondes et en concert, dans le milieu des années 90, c’était déjà plus marginal… Et pourtant, à travers tous ces jeunes, et moins jeunes, qui ont connu les concerts rock de Bures, l’alternative que nous nous proposions de partager a démontré que la culture de masse n’a rien à voir avec la culture populaire. C’est facile de proposer aux spectateurs ce qu’ils aiment, ou pire encore, de les forcer à aimer ce qu’ils voient et entendent sans cesse, ça l’est beaucoup moins de leur faire découvrir ce qu’il ne connaissent pas. C’est aussi pour ça que les concerts organisés à Bures se sont toujours voulus très abordables financièrement. Il fallait à la fois toucher ce public qui n’est pas près à mettre de sou dans ce qu’il méconnaît.

Les groupes de l’association se sont souvent fait autour de musiciens autodidactes inspirés par l’efficacité d’une musique accessible et engagée. Depuis, ils ont progressé, évolué vers d’autres registres plus orchestrés mais conservent néanmoins cet état d’esprit ouvert et libre du punk. Les concerts aussi ont changé, toujours aussi accessibles, plus variés, touchant un plus large public encore. Les liens se sont créés entres les adhérents lors de l’organisation des évènements ou de tournées communes, les générations se sont mélangées, conscientes de leurs aspirations communes à des époques différentes. Ceux qui arrivent aujourd’hui, plus jeunes encore, se sont très bien intégrés et s’impliquent déjà beaucoup, témoignant leur respect pour cet héritage culturel acquis grâce à la ténacité des fondateurs.

L’ AJB n’est pas un studio de répétition, c’est une association qui fait fonctionner un local et organise des évènements culturels. Ce sont des adhérents qui s’impliquent et qui partagent. D’ailleurs, afin de se prémunir de l’attitude consumériste de certains, l’asso s’est toujours réservée par vote le droit d’admission des nouveaux groupes. Et ça fonctionne, puisque rare sont ceux qui ont été recalés. Mais l’envie de s’exprimer à travers un groupe grandit partout quand la place et l’argent pour répéter viennent à manquer. Alors pour être plus nombreux et plus fort, pour faire entendre une musique qui sort du cœur et pas du portefeuille, on espère voir un peu partout et de plus en plus jaillir quantités d’associations à vocation culturelle, luttant pour obtenir des locaux, des subventions, et faire vivre leur idée d’une culture plurielle.
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